Autant vous le dire tout de suite, Climax, le dernier film de Gaspar Noé, est un uppercut cinématographique. 98 minutes d’une montée en puissance vertigineuse vers un point culminant où tout bascule dans le chaos… Tiré d’un fait divers réel survenu au milieu des années 90, Climax raconte l’histoire d’une troupe de jeunes danseurs réunis en huis clos dans un endroit isolé. Ils sont venus répéter une chorégraphie avant d’entamer une tournée internationale. Pour la dernière répétition une fête est donnée mais quelqu’un a mis quelque chose dans la sangria…
« Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif… » Gaspar Noé
La première partie s’ouvre avec la chorégraphie, survoltée et jouissive. Sur une bande son électrisante, on plonge avec les danseurs dans la transe. Beauté des corps, sexualité tribale, énergie vitale, cette transcendance est saisie par un Gaspar Noé au sommet de son art. S’amorce ensuite une inexorable descente aux enfers, la chute entropique du collectif humain condamné à s’autodétruire. En plein bad trip, la tribu multicolore se désagrège, certains passent de la transe à la possession. Tout peut alors arriver… surtout le pire, on le sait avec Gaspar Noé. Aucun salut donc pour ces jeunes pousses sous emprise. Aucun répit pour le spectateur captivé par la construction pulsionnelle de la narration, jusqu’à son dénouement, forcément traumatisant. Imaginé en janvier, tourné en deux semaines en février et post produit in extremis le film a pu arriver à temps pour participer à la Quinzaine des Réalisateurs. Il y a quinze ans avec Irréversible, le réalisateur Italo Argentin avait scandalisé la Croisette, aujourd’hui il signe l’un de ses meilleurs films. Une onde de choc bienvenue dans ce 71ème Festival de Cannes un peu trop sage.